Introduction
Le vieillissement devient un problème central des sociétés du 21ème siècle : comment gérer médicalement, économiquement et humainement le papy-boom déjà en marche et qui va atteindre son paroxysme dans les 10 à 15 ans à venir ?
Le sujet est difficile, car la médecine est habituée à soigner des maladies et se sent mal à l’aise pour prendre en charge le vieillissement qu’elle ne considère pas encore comme une maladie.
On comprendra bien que notre propos n’est pas de prendre en charge un infarctus du myocarde, un AVC, un cancer, une démence mais bien de prévenir les conditions d’apparition de ces pathologies, mais aussi « l’épuisement » des réactions métaboliques, qui ne conduisent pas à une pathologie, mais à une baisse des fonctions, qu’elles soient articulaires, cognitives, etc.
L’autre obstacle est celui du transhumanisme qui, comme une médecine du dopage, voudrait repousser les frontières au-delà de la santé et du bien-être, en quête d’immortalité.
Aspects physiopathologiques du vieillissement à partir de quelques théories du vieillissement
Il existe de nombreuses théories du vieillissement, mais aucune ne peut rendre compte de la réalité exhaustive des mécanismes physiologiques.
En effet, le vieillissement est multifactoriel, mais certaines théories prédominent par leur importance. Nous nous attacherons plus particulièrement à celles-ci :
– La théorie des radicaux libres et du stress oxydant est probablement la plus importante.
Les radicaux libres issus de l’action de l’oxygène sur la matière vivante agressent le fonctionnement intime des cellules et des tissus de l’organisme, pour les précipiter dans une mort prématurée, entraînant celle de l’organisme tout entier.
La mitochondrie, centrale énergétique de la cellule et siège de la respiration cellulaire, est au centre du stress oxydant : on évoque d’ailleurs la notion de vieillissement mitochondrial.
– Plus récemment, la théorie du raccourcissement des télomères complète la théorie précédente.
Le rôle des télomères a été mis en évidence par une lauréate du prix Nobel, qui a observé que leur raccourcissement et leur dysfonction étaient responsables du vieillissement prématuré.
Rappelons que les télomères se situent à l’extrémité des chromosomes et que l’enzyme télomérase permet de préserver la longueur des télomères.
Il a été mis aussi en évidence que l’inflammation, issue du stress oxydant, stimule la cellule à se diviser plus rapidement, et comme les télomères raccourcissent à chaque division cellulaire, ceci conduit à un vieillissement prématuré.
– La théorie immunitaire et de l’inflammation de bas grade complète bien les deux précédentes et la prolonge.
En effet, les chromosomes des lymphocytes qui subissent les raccourcissements des télomères à chaque cycle de division, sont impactés par l’épuisement de la télomérase liée à l’âge et à l’exposition répétée des antigènes infectieux. La fragilité aux infections est un facteur important de vieillissement prématuré. Dans ce contexte de vieillissement du système immunitaire, on observe chez les sujets âgés, une augmentation de certains marqueurs de l’inflammation (comme IL-6, TNF-α, CRPus) et plus généralement une réponse inflammatoire exacerbée, chronique, de bas grade et stérile (inflammaging). Combiné aux autres mécanismes de vieillissement, l’inflammaging conduit à des dommages tissulaires qui sont impliqués dans l’augmentation de la mortalité chez les personnes âgées et le développement de pathologies liées à l’âge.
– La théorie de la glycation liée à la mauvaise régulation de la glycémie, est une cause centrale du vieillissement cérébral en particulier.
Rappelons que la glycation est une réaction biochimique qui se fait entre un sucre et un acide aminé et qui aboutit, avec le temps, à la production de produits appelés PTG (produits terminaux de la glycation) qui s’accumulent dans la cellule.
Ces théories résument les mécanismes les plus fondamentaux, sur lesquels nous pourrons agir.
Citons cependant leur existence : la théorie du « Cross-Link » avec la polymérisation du collagène entraînant une rigidification cellulaire, la théorie métabolique spécifique où l’activation métabolique entraîne une diminution de la durée de vie, la théorie cybernétique où la diminution du contrôle du système nerveux impacte l’ensemble des fonctions, etc. sans oublier la théorie de l’épuisement hormonal, que l’on relie au stress oxydant et au raccourcissement des télomères.
Prise en charge
La diversité des théories du vieillissement prouve son aspect multifactoriel ; la prévention et l’accompagnement du vieillissement sera aussi multifactoriel et intégratif.
– Tout d’abord l’alimentation antioxydante
Tous les mécanismes du vieillissement dépendent du niveau d’activité des antioxydants présents dans l’organisme. La source essentielle d’antioxydants est l’alimentation.
Depuis une vingtaine d’années, les études ont prouvé que les caroténoïdes, les polyphénols, les vitamines protègent contre différentes maladies et luttent contre les infections et ralentissent le vieillissement. La consommation élevée de fruits et légumes frais est centrale, sans oublier les légumineuses et représente la première mesure nutritionnelle.
Une grande diversité, la fraîcheur, un mode de cuisson non traumatisant, sont un gage d’efficacité. A titre d’exemple, des études récentes permettent de guider la consommation de végétaux, par rapport à leur couleur et leur cible préventive. Pennington et Fisher ont classé les végétaux en fonction de leur couleur, en partant du principe que la couleur d’un végétal reflète sa richesse en pigments colorés antioxydants, comme les caroténoïdes et les flavonoïdes.
Ainsi, la consommation de végétaux du groupe orange foncé (carottes, etc.) entraîne une réduction d’infarctus du myocarde de l’ordre de 25 %, tandis que la consommation de fruits et légumes blancs (pommes, poires, etc.) réduit de 9% le risque d’AVC.
Conclusion, varier la couleur de ses fruits et légumes est la meilleure façon de protéger ses artères, son cerveau et prévenir le vieillissement.
A côté des fruits et légumes, la présence d’oméga 3 est un facteur de lutte contre le dysfonctionnement endothélial (paroi des vaisseaux) pour une bonne viscosité sanguine, mais aussi une lutte contre l’inflammation de bas grade.
On sera attentif à l’équilibre glycémique en privilégiant les hydrates de carbone à index glycémique bas et donc à charge glycémique basse.
– Le mode de vie
Rares sont les études qui ont combiné l’approche comportementale, environnementale et nutritionnelle. Cependant, l’étude WELL (Wellbeing, Eating and Exercise for a Long Life) est une étude de cohorte, visant à identifier l’influence des facteurs intra personnels, sociaux et environnementaux sur l’alimentation et l’exercice physique, chez les adultes de 55 à 65 ans.
Cette étude complexe a rapporté un bon ou un meilleur état de santé lorsqu’on associe une portion supplémentaire de fruits et légumes, 15 mn additionnelle de marche. Cette étude a aussi exploré d’autres critères comme l’IMC, le taux de socialisation, etc. ; comme on peut s’y attendre, tous ces éléments liés au mode de vie vont de pair avec un « vieillir mieux ».
Les phytonutriments
1. Les phytonutriments, cibles des télomères et du stress oxydant :
– Longue Vie
Ce complexe micronutritionnel est particulièrement adapté, car il prend en charge :
+ le stress oxydant systémique par la présence de fruits d’olivier et l’extrait spécifique de pépins de raisin : d’une part, l’extrait de fruits d’olivier est très riche en hydroxytyrosol aux propriétés antioxydantes puissantes ; d’autre part, l’extrait de pépin de raisin a une valeur antioxydante très importante calculée en indice ORAC (unité internationale antioxydante) dans les plus élevées de la classification.
+ la protection de l’intégrité des chromosomes et donc des télomères. On a vu dans le paragraphe précédent qu’à chaque division cellulaire, les télomères raccourcissent ce qui contribue au phénomène de vieillissement. Par ailleurs, Elisabeth Blackburn et ses deux confrères, récompensés par le prix Nobel de médecine en 2009, ont montré l’importance de la télomérase.
Cette enzyme a la propriété de réparer les télomères agressés et raccourcis. Même si les phénomènes sont complexes et pas totalement élucidés, il est logique d’envisager d’utiliser cette piste de la télomérase comme « agent anti-âge »
Dans la nature, l’astragale, plante vivace originaire du nord et de l’est de la Chine, a été bien étudié quant à son action sur la télomérase. Dans la pharmacopée chinoise, l’Astragalus membranaceus est reconnu comme plante adaptogène et connue pour renforcer la fonction immunitaire. Un de ses principes actifs, l’Astragaloside IV, a été particulièrement bien étudié et il a été mis en évidence que ce principe actif possède des propriétés d’activation de la télomérase.
Divers travaux in vitro, chez l’animal âgé et chez les personnes de plus de 60 ans, ont montré une action de ces principes actifs sur la télomérase et cet effet était plus marqué avec la présence d’un autre composant de l’Astragale, le cycloastragénol. De plus, l’extrait de racine d’Astragale possède des flavonoïdes et des polysaccharides qui confèrent à ce totum des propriétés antioxydantes, antiinflammatoires, immunostimulantes et de prévention de la sénescence en particulier sur le système nerveux, l’appareil cardiovasculaire et les systèmes endocriniens et métaboliques.
Cette phytothérapie est donc incontournable.
La posologie s’envisage à 2 gélules par jour, par cure trimestrielle, avec pause chaque mois d’une semaine.
– le Méthylsam’Active
C’est un complexe micronutritionnel centré sur la méthionine et sa forme active, la S-Adénosyl-L-Méthionine (SAMe):
Le SAMe est un donneur universel de groupe méthyl (-CH3) essentiel au « recyclage » de l’homocystéine, en présence de vitamines B6, B9, B12, véritable déchet cellulaire.
Le taux d’homocystéine dans le sang est reconnu en biologie comme un marqueur de l’épaississement des vaisseaux sanguins (facteur de risque de l’hypertension) et comme un marqueur cérébral du vieillissement cognitif.
Par ailleurs, le taux d’homocystéine réduit l’activité de la télomérase, au service de la réparation des télomères.
Le SAMe, grand méconnu de la micronutrition et trop souvent négligé, intervient dans d’autres mécanismes liés au vieillissement, en participant, à la réparation des erreurs de réplication de l’ADN, à la synthèse des neurotransmetteurs et enfin, au niveau hépatique, à la détoxification hépatique, à travers la synthèse du glutathion.
La posologie s’envisage de 4 à 6 gélules par jour, par cure trimestrielle et à adapter au cas de chacun et en surveillant biologiquement le cas échéant, le taux d’homocystéine dans le sang.
– Coenzyme Q10 Fort
Comme nous l’avons vu dans le paragraphe physiopathologique, « on vieillit par nos mitochondries » : dans cette centrale énergétique de la cellule, la chaîne respiratoire crée beaucoup de stress oxydant et la présence du CoQ10 est essentielle pour protéger les mitochondries et les cellules d’une « surchauffe » du stress oxydant. Le CoQ10, présent dans toutes les cellules de l’organisme, est l’antioxydant universel du stress oxydant. Son action est donc essentielle dans l’accompagnement et la prévention du vieillissement.
La posologie s’envisage à 2 gélules par jour, soit 100 mg, à adapter au cas de chacun.
2. Les phytonutriments, cibles de l’inflammation de bas grade
– Curcuma
Cette préparation est obtenue à partir du rhizome de Curcuma dont l’extrait standardisé de curcuminoïdes possède une biodisponibilité optimale, en raison de la présence de Pipérine associée.
Son action antioxydante est majeure, mais aussi sur l’inflammation de bas grade, grâce à son effet sur le médiateur de l’inflammation, le NFkB.
Sa posologie est de 4 gélules par jour, en 2 prises avec les repas, sur une période de deux à trois mois et à renouveler selon le besoin de chacun.
– Oméga 3 Fort
Si les besoins en omégas 3 d’origine maritime le nécessitent, en particulier en présence d’inflammation de bas grade qui accompagne fréquemment les processus de vieillissement, nous utiliserons le complexe Oméga 3 Fort (association EPA/DHA) à la posologie moyenne de 2 à 4 gélules par jour, pendant les repas en association avec les complexes antiâges évoqués ci-dessus.
Conseils pratiques
Pour un conseil en phytonutriments, on proposera en 1ère intention le complexe Longue Vie par cure trimestrielle, seul ou en alternance avec le Méthylsam’Active et le Coenzyme Q10 Fort selon le contexte spécifique. On associera, selon la situation, le Curcuma (anti-inflammatoire et antioxydant), l’Omega 3 Fort (si besoin d’omégas 3 supplémentaires).
Conclusion
Le vieillissement est la conjugaison de nombreux mécanismes physiologiques ; on retiendra les deux plus importants, le stress oxydant lié à l’inflammation de bas grade et le raccourcissement des télomères. Toute mesure nutritionnelle, comportementale ou micronutritionnelle, devra avoir pour but la correction de ces deux grands mécanismes physiologiques. Ainsi, on échappera à la fatalité du vieillissement en « mauvaise santé » et à l’illusion du dopage transhumaniste.
Docteur méd. Jacques Gardan
Pour tout renseignement complémentaire concernant les produits cités dans cette fiche, des fiches spécifiques sont disponibles auprès du laboratoire.